La foi de mes pères

Pierre-Yves Le Priol fait un état des lieux de la pratique religieuse en Bretagne à partir d’une situation personnelle, certes bien répandue, mais fort bien analysée.

Né il y a soixante ans dans une famille d’agriculteurs du Morbihan, Yves-Marie le Priol a connu à sa manière, dans sa famille décrite de façon touchante, un environnement catholique et clérical. Appartenant à la jeunesse agricole chrétienne (JAC) pour les parents, sept ans d’études au Petit Séminaire de Saint-Anne d’Auray, un oncle, Clovis, décrit avec sensibilité, touchant exemple du clergé rural breton, fidèle à son état et à la foi de ses pères, décédé récemment.

Le titre de l’ouvrage est emprunté au fameux cantique

Da feiz hon tadou koz ni zalec’ho mat atao. À la foi de nos pères nous serons toujours fidèles

.

De cette enfance dans un milieu de pratique fervente, Pierre-Yves Le Priol a gardé le meilleur souvenir sans se complaire dans la nostalgie. Les traditions ne s’épuisent pas encore complètement. L’auteur souligne l’exceptionnelle ferveur lors de la visite du Pape Jean-Paul II à Saint-Anne d’Auray en 1996, la foule venant en multitude dans ce haut-lieu de la chrétienté.

Les pardons actuels sont revisités : de celui qui fleurit dans les chapelles de la campagne bretonne aux grands pardons de Folgoët, de sainte Anne d’Auray ou de Tréguier lors de la saint Yves.

Le recul est ailleurs. Il est dans des églises peu fréquentées, faute de pratique, dont l’entretien ne manque pas d’inquiéter pour l’avenir. Il est dans la crise des vocations, tant dans le clergé séculier que dans les congrégations féminines. Le portrait sensible de l’oncle Clovis correspond à toute une génération de prêtres qui est restée fidèle à son état et à la foi de ses pères.

En guise de remèdes l’auteur ne propose pas de pistes évidentes. Il suggère un recours plus net aux diacres permanents, dans une participation plus effective au magistère des curés. Il n’y a pas un mot sur le célibat des prêtres, sujet ô combien sensible. Face à la désertion, soulignée, de la génération des 30-50 ans, des propositions pourraient sans doute être faites. Récemment un curé des Deux-Sèvres nous disait comment, à ses yeux, les jeunes retraités pouvaient représenter des forces vives et une chance pour le service de l’Église. Des hommes ou des femmes sont disposés à arrêter tôt un exercice professionnel pour aider, ranimer, montrer l’exemple alors qu’ils ont encore toutes les forces nécessaires. Toutefois la « verticalité », ambiante, qu’en d’autres lieux on appelle le cléricalisme, ne donne pas dans ce sens. On pourrait fournir des exemples de catholiques qui ont abandonné tôt une carrière brillante où ils excellaient, pour se former puis s’engager avec résolution. Leur seule récompense a souvent été une indifférence pathétique. Leur enthousiasme serait vite tombé s’il n’y avait eu la foi de nos pères.

La conclusion, dans des termes choisis, conserve l’espérance, « quelque chose, dit Claudel, que nos pères n’avaient pas entendu : je ne considère pas la foi de nos vieux pères (

Da feiz hon tadou koz

) comme la seule inspiratrice pour moi car elle eut sans doute ses insuffisances, ses parts d’aveuglement. Je n’en suis pas moins remonté avec enthousiasme à ses sources, au fil de ce livre, j’en ai puisé l’eau fraîche à mains nues et celle-ci coulait d’abondance entre mes doigts. Serais-je du moins parvenu, à l’ombre de nos vieilles fontaines, à y retenir quelques lampées pour étancher la soif d’autres que moi ? » (p. 281).

Pierre-Yves Le Priol a entrepris un

Tro Breiz

pour parler de son livre, si riche dans le fond et si bien écrit dans la forme.

Il sera le jeudi 14 mai à 18 heures à la Maison Saint-Yves à Saint-Brieuc. On ne peut qu’inviter à se rendre l’écouter.

Loading

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *