Saint Yves et les pauvres 3/10 – Saint Yves au plus près des besoins des pauvres

Prière à l’Esprit Saint :  Esprit Saint, âme de mon âme, je T’adore et je T’aime, éclaire-moi, guide-moi, fortifie-moi, console-moi, indique-moi la route. Je m’en remets, à l’exemple de saint Yves, à tout ce que Tu désires de moi, fais-moi seulement connaître Ta volonté pour éclairer mon chemin. Seigneur Esprit Saint je me tourne vers Toi avec confiance, appuyé sur la prière de ton serviteur saint Yves ; Tu lui as donné en son temps de juger avec équité, d’assister les pauvres. Aussi avec Ton aide, je prends aujourd’hui saint Yves comme modèle de sainteté. Amen.

SAINT YVES, UNE VIE DE SERVICE ET D’AMITIÉ AUX CÔTÉS DES PAUVRES

Par Daniel Giacobi

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                             3 – Saint Yves au plus près des besoins des pauvres

en nourriture, en vêtements, en abri, en chauffage et face à la maladie ; le service des seigneurs-malades.

Ce que l’Esprit suscite n’est pas un débordement d’activisme, mais avant tout une attention à l’autre qu’il considère comme un avec lui. Cette attention aimante est le début d’une véritable préoccupation pour sa personne, à partir de laquelle je désire chercher effectivement son bien » (Exhort. ap. Evangeli Gaudium, § 198-199). Pape François – § 2 – Message pour la 5ème journée mondiale des pauvres- 14 novembre 2021-

On perçoit la tendresse, la compassion d’Yves à l’égard de ses frères et sœurs en humanité, envers son petit troupeau, dans le témoignage de Derrien de Bouaysalio : « C’est avec simplicité et douceur que dom Yves entrait en relations avec tout le monde, gens de rang élevé aussi bien que petites gens, qu’il les écoutait, qu’il leur parlait, prononçant toujours ses paroles avec gaîté et gentillesse. » (T.44) Beaucoup témoignent de la patience exemplaire d’Yves qui crée le plus souvent un climat de paix entre les plaignants, les amenant à s’écouter et à établir entre eux la concorde, mot qui revient bien des fois dans la bouche des témoins.

Rivallon et Panthonada sur le tombeau de saint Yves à la cathédrale de Tréguier

Ami des pauvres, il s’assure de répondre au mieux à leurs besoins en nourriture, en vêtements, en abri et en chauffage, ou face à la maladie.  Il les accueille chez lui comme Rivallon le jongleur, le bateleur, qu’Yves reçut avec sa famille onze ans avant sa mort en 1292 à Ker Martin et qui restèrent à son service. Rivallon mourut avant saint Yves mais sa femme Panthonada – qui ont tous deux l’honneur d’être sur le tombeau de saint Yves à Tréguier , ses filles Amicia et Ann Koanta, ses fils Jacquet et Geoffroy ont longuement témoigné au procès de canonisation. Panthonada, veuve de Rivallon, de la paroisse de Priziac, du diocèse de Vannes, témoin 40, raconte : « Rivallon, mon défunt mari et moi-même, accompagnés des quatre enfants que j’avais, nous vînmes, onze ans environ avant la mort de dom Yves, à sa maison de Ker Martin pour recevoir aumônes et hospitalité pour l’amour de Dieu. Dom Yves nous accueillit avec beaucoup de joie, et pendant ces onze années-là, ou à peu près, il nous a gardés chez lui, pourvoyant à notre nourriture et à notre habillement. » Geoffroy Jubiter, recteur de l’église de Trédrez, témoin 30, explique : « Plus d’une fois et particulièrement en hiver, il est arrivé à Dom Yves d’acheter des étoffes, dont il habillait les pauvres du Christ. J’ai transporté moi-même ces étoffes chez dom Yves, et je suis allé avec lui bien des fois donner aux pauvres leur part de vêtements. Tout ce qu’il avait, il le leur distribuait si bien que parfois il ne lui restait rien à manger. Et j’en étais réduit bien des fois à pleurer, même s’il me disait pour me réconforter : « Vous aurez assez de pain ». Quand j’étais à Ker Martin j’allais tous les jours sur son ordre à Tréguier chercher le pain qu’il distribuait aux pauvres. » Jacquet, fils de Rivoallon le jongleur, le témoin 43, de la paroisse Saint Pierre de Louannec, qui a longtemps servi Yves, raconte comment Yves prend un soin particulier des pauvres : « Tout ce qu’il pouvait avoir provenant de son église ou de son patrimoine, il le distribuait aux pauvres. Je constatais cela fréquemment, et je ne l’ai jamais vu dire non à un pauvre quelconque qui lui demandait l’aumône. Il lui arrivait fréquemment en ma présence de faire cuire une fournée de pain et de ses propres mains il partageait en morceaux ce pain aux pauvres, retenant avec lui les plus dédaignés et les plus faibles, auxquels personnellement il servait le pain et l’eau et le potage qu’il avait, et même il offrait l’eau pour laver les mains des pauvres avant le repas, et il mangeait avec eux, près d’eux et comme eux. Je voyais souvent cela et je l’aidais aussi personnellement dans cette tâche. J’ai vu dom Yves acheter et faire acheter de l’étoffe pour habiller les pauvres : c’était moi qui, sur sa demande, en confectionnais des vêtements qu’il distribuait aux pauvres en ma présence. L’étoffe, il l’achetait à La Roche-Derrien et à Lannion ; la distribution des habits se faisait dans la paroisse de Louannec et dans beaucoup d’autres lieux. »

      Yves Menguy, de la paroisse de Louannec, dont saint Yves fut recteur, témoin 35, raconte une scène qu’il n’a jamais oubliée : « Chaque fois qu’il voyait un pauvre du Christ dans le besoin, il lui faisait cadeau d’un de ces vêtements-là. Il arriva un jour que voulant acheter un habit pour ma femme je dis à dom Yves : « Messire, j’ai l’intention de me rendre à Lannion acheter un habit pour ma femme ». « Achète-moi de l’étoffe, me dit alors dom Yves, de la même que d’habitude, pour me faire une cotte et un chaperon ». Ce que je fis. Comme on avait confectionné dans la maison de dom Yves la cotte et le chaperon, le tailleur lui dit : « Messire, voyez si cette cotte est bien faite ». Tandis qu’il voulait essayer la cotte, il regarda du côté de la porte et vit un pauvre sans vêtement et dans une très grande détresse. Sur le champ il le héla : « Enfile cette cotte, et vois si elle te va bien ». « Messire, lui dit le pauvre tout craintif, je ne suis pas digne de porter un tel habit ». « Tu le feras, lui dit dom Yves ». Et tout de suite notre pauvre mit la cotte. Yves lui dit alors : « Prends le chaperon ». Quand le pauvre se fut coiffé du capuchon, dom Yves lui dit : « Va gagner ton pain avec la bénédiction de Dieu, et ne commets pas le mal ». Et notre pauvre s’en alla avec cotte et chaperon. J’ai vu et entendu tout cela, puisque j’étais présent. »   Prenons le temps de méditer l’insistance affectueuse d’Yves et son souci d’aider cet homme à se relever dans sa dignité de fils de Dieu.

Quand ces pauvres sont malades, Yves visitent chez eux ou à l’hôpital ceux qu’on appelle au Moyen Âge « Seigneurs Malades ». Constance, épouse d’Étienne Ymbert, de la ville de Tréguier, témoin 22, n’a jamais oublié l’épisode qu’elle raconte aux enquêteurs, Yves avait l’habitude sur le chemin du retour vers Kermartin, après sa journée d’official, de s’arrêter à l’Hôtel-Dieu de Tréguier où le personnel manquait cruellement  : « J’ai vu un jour Dom Yves revêtu d’une cotte, d’un surcot et d’une housse de couleur perse avec un chaperon du même tissu, à fourrures ; il était chaussé de bottes et il entrait dans l’Hôtel-Dieu ou Hôpital de Tréguier. Peu après je l’ai vu qui sortait de ce même hôpital sans chaperon, sans surcot ni housse et qui se hâtait nu pieds de gagner sa maison de Ker Martin, tenant un pan de son surcot sur sa tête en guise de capuchon. Ma mère et moi nous nous rendîmes alors à l’Hôtel-Dieu et découvrîmes que dom Yves avait donné son chaperon à un pauvre estropié, à un autre la fourrure de sa housse, et à un autre cette housse, et ses bottes à un autre pauvre aveugle. J’affirme que tout ce que je dis là je l’ai vu et que les pauvres en question me l’ont rapporté. »

Jacquet, fils de Rivoallon le jongleur, témoin 43, de la paroisse Saint Pierre de Louannec, a expérimenté les attentions d’Yves : « très enclin à la pitié, il renonçait à manger et à boire pour visiter les malades, tous sans exception, il les consolait dans leurs maladies … et il m’a visité moi en particulier quand j’étais malade. Et il les réconfortait en ma présence. » C’est aussi le cas de Guillaume Pierre, vicaire perpétuel dans l’église de Tréguier, témoin 18 : « Dom Yves visitait les malades retenus au lit par leurs maladies, qu’ils fussent pauvres ou riches. Il est venu me voir quand j’étais malade, et je l’ai vu bien des fois en visiter d’autres, tant à l’Hôtel-Dieu de Tréguier que dans les maisons particulières. » Ce que confirme Geoffroy Jubiter, recteur de l’église de Trédrez, témoin 30 : « Dom Yves avait plus d’affection pour les pauvres que pour les riches ; il faisait aux malades des visites très fréquentes, les réconfortant et les entretenant des choses de Dieu, et il leur distribuait ce qu’il pouvait en aumône de pain, de vin et d’argent. Je le suivais presque toujours ; je portais sa Bible et son bréviaire. J’entendais et je voyais tout cela. »

PISTE DE RÉFLEXION : Quelle est ma façon d’être à l’égard des pauvres que je côtoie – personnes isolées, âgées, malades, veufs, veuves … – ?

 

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