Saint Yves et les pauvres 7/10 – Le prêtre au service des pauvres.

Prière à l’Esprit Saint :  Esprit Saint, âme de mon âme, je T’adore et je T’aime, éclaire-moi, guide-moi, fortifie-moi, console-moi, indique-moi la route. Je m’en remets, à l’exemple de saint Yves, à tout ce que Tu désires de moi, fais-moi seulement connaître Ta volonté pour éclairer mon chemin. Seigneur Esprit Saint je me tourne vers Toi avec confiance, appuyé sur la prière de ton serviteur saint Yves ; Tu lui as donné en son temps de juger avec équité, d’assister les pauvres. Aussi avec Ton aide, je prends aujourd’hui saint Yves comme modèle de sainteté. Amen.

SAINT YVES, UNE VIE DE SERVICE ET D’AMITIÉ AUX CÔTÉS DES PAUVRES

Par Daniel Giacobi

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Le prêtre au service des pauvres

Le visage de Dieu que Jésus révèle est celui d’un Père pour les pauvres et proche des pauvres. Toute l’œuvre de Jésus affirme que la pauvreté n’est pas le fruit de la fatalité, mais le signe concret de sa présence parmi nous. Nous ne le trouvons pas quand et où nous le voulons, mais nous le reconnaissons dans la vie des pauvres, dans leur souffrance et leur misère, dans les conditions parfois inhumaines dans lesquelles ils sont forcés de vivre. Pape François – § 2 – Message pour la 5ème journée mondiale des pauvres- 14 novembre 2021-

Yves est ordonné prêtre en 1283 à la demande insistante de Mgr Alain de Bruc, évêque de Tréguier qui le nomme recteur de Trédrez. Le nouvel évêque, Mgr Geoffroy de Tournemine le nomme à Louannec en 1293. Humblement, Yves se sentait indigne de ce ministère. Cette humilité se perçoit au début de son testament marqué du sceau d’une sincérité sans fard : « Moi, Yves, fils d’Héloury, prêtre indigne et très méprisable serviteur du Christ ». Saint Yves, c’est aussi le saint prêtre de Dieu, modèle des prêtres bretons, apprécié par tous, tant les pauvres que les bourgeois, les seigneurs des manoirs et son évêque : Maître Hervé de Coatréven, sacriste de l’église de Tréguier, témoin 2, rapporte : « J’ai entendu bien des fois et beaucoup de personnes dire que dom Yves accompagnait en prêchant le seigneur Geoffroy de Tournemine, feu évêque de Tréguier, quand il visitait son diocèse : il prêchait publiquement au peuple la parole de Dieu devant le même seigneur évêque et sur son invitation. » Et Alain Soyan, clerc de la ville de Tréguier, témoin 6, précise : « Dom Yves aurait pu se déplacer à cheval, et pourtant il accompagnait à pied son évêque dans ses visites pastorales, et de même par ailleurs lorsqu’il faisait des tournées de prédication principalement dans les églises du diocèse de Tréguier. Il avait aux pieds de grands souliers à courroies, comme les Cisterciens, sans bas. Je l’ai vu bien des fois aller et venir de cette façon-là : je ne l’ai pas vu se déplacer autrement. »

La marche est encore un moyen pour Yves de rejoindre les plus petits, les plus pauvres.

La prédication en est un autre. Yves est un prédicateur incomparable, tous les témoignages concordent. Il peut prêcher en breton, en français ou en latin ; sa parole pénétrante fait toucher à chacun quelque chose du Royaume céleste, il peut aussi par des paroles de feu, convertir les cœurs les plus endurcis. Saint Yves allait à la rencontre de ceux qui travaillaient dans les vallées emplies de moulins. Accidents et blessures étaient nombreux, Yves aidait les blessés, leur donnait le Corps du Christ qu’il portait sur lui. Après sa mort de nombreux témoignages évoquent ces types d’accidents et comment, par l’intercession de saint Yves, beaucoup en ont réchappé.  Attentif au murmure de la brise légère de l’Esprit Saint, Yves saisit toutes les occasions pour prêcher la Bonne Nouvelle du salut en Jésus et pour exhorter les pécheurs à changer de vie ; le voilà juché sur le soubassement d’un calvaire pour héler les paysans au travail ou les voyageurs de passage.

C’est ce qu’affirme Yves de Trégordel, paroissien de Pleubian, témoin 46 : « Dom Yves prêchait avec un charme extrême la parole de Dieu au clergé et au peuple. Je l’ai vu et entendu très fréquemment, car je le suivais et j’écoutais ses sermons. Cela se passait à Tréguier, dans la cathédrale et le cimetière, et parfois dans les églises de Pleubian et de Pleumeur. Comme on le disait communément, il lui est arrivé maintes fois de prêcher le même jour dans plusieurs églises. Je l’ai vu et entendu prêcher un vendredi saint dans l’église de Pleubian, et beaucoup disaient qu’il avait prêché ce même jour dans sept églises. La chose paraissait vraisemblable, car après son sermon dans l’église de Pleubian, il était fatigué au point qu’il pouvait à peine se soutenir. Il a même fallu que je le soutienne. Le peuple préférait entendre ses sermons plutôt que ceux de quelque autre prédicateur. J’ai entendu plus de cent personnes le dire, tandis qu’il prêchait dans les localités déjà citées, et c’était aussi mon avis. Ses bonnes prédications et ses exhortations ont fait revenir un grand nombre de gens de leurs perversités et de leurs erreurs. »  

Vitrail, Église de Louannec, 2nde paroisse de saint Yves

À Louannec, la 2nde paroisse d’Yves, Yves Menguy, témoin 35, ne dit pas autre chose :  « Quand Dom Yves est arrivé dans cette paroisse de Louannec, l’incurie du recteur précédent, peu ou pas préoccupé du progrès des âmes, avait fait que bon nombre de gens aux mœurs dépravées s’y trouvaient. Dès son arrivée, dom Yves se mit à prêcher à ses paroissiens la parole de Dieu, et sa prédication fut suivie d’effet au point que les gens honnêtes et bons s’améliorèrent, et que les paroissiens mauvais, dépravés ou malhonnêtes, furent remis dans la voie du salut grâce à ses prédications saintes et bonnes, et il amena aussi à faire pénitence ceux qui s’adonnaient publiquement à la luxure ou à l’usure ; ils s’amendèrent grâce à lui, il les fit jeûner au pain et à l’eau certains jours et à certaines époques, à se déplacer sans chemise, à faire des pèlerinages. »

Yves Avispice autrefois au service de dom Yves Hélory, devenu ermite près de Guingamp, le témoin 11, se souvient :

« J’ai vu plusieurs fois Dom Yves pleurer les péchés de ceux qui se confessaient ou s’étaient confessés à lui, au point que bien souvent il amenait à pleurer les pécheurs eux-mêmes … J’ai vu cela à Ker Martin et à Louannec et dans d’autres lieux dont j’ai complètement perdu le souvenir. » Ainsi le confesseur attentionné était-il un directeur spirituel apprécié et recherché. Pour Yves la confession est une priorité dans sa vie de prêtre, elle le resta jusqu’à son dernier souffle. Jacquet, fils de Rivoallon le jongleur, témoin 43, de la paroisse Saint Pierre de Louannec, a expérimenté les attentions d’Yves : « Dom Yves réconfortait les malades en ma présence, les amenait à se confesser, et il leur prêchait de saintes paroles, pour qu’ils s’établissent dans de bonnes dispositions, s’ils voulaient obtenir la santé du corps et de l’âme. » Yves Haloic, de la ville de Tréguier, témoin 37, raconte ce souvenir : « Dom Yves visitait les malades avec humilité. Je l’ai vu un jour à Tréguier visiter plusieurs malades. Précisément, alors qu’il passait dans une rue qu’on appelle rue des Perdrix, j’ai vu un homme lui dire : « Messire Yves, pour Dieu, venez entendre la confession d’un tel qui est malade et qui est en train de mourir dans telle maison ». Dom Yves quitta son chemin et entra dans la maison indiquée. « Si je refusais, dit-il, d’aller voir ce malade, je serais en état de désobéissance à Dieu.»

Saint Yves porte le Corps du Christ, presque toujours sur lui, dans une boîte d’argent, précieux trésor, qu’il est prêt à dilapider pour tous ceux qui sont dans le besoin. C’est ce que racontent les témoins 19 et 4 , le frère Pierre, religieux, abbé du monastère de Bégard, de l’ordre de Cîteaux, et Jean de Pestivien, chevalier, seigneur de Pestivien : « Dom Yves portait sur lui, sur sa poitrine, presque continuellement, le corps du Christ, dans une pyxide d’argent, qu’il avait reçue, disait-il, de la dame de Roscanvel, au diocèse de Quimper. Je l’ai vu bien des fois prendre le corps du Christ dans cette pyxide et l’administrer aux malades. Voilà pourquoi il portait le corps du Christ dans cette pyxide. » Et Jean de Pestivien ajoute : « Dom Yves portait sur sa poitrine une petite boîte en argent, très belle, dans laquelle il conservait le corps du Christ qu’il administrait aux malades qu’il visitait, chaque fois qu’il lui semblait qu’il y avait lieu de le faire. »

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