Saint Yves et les pauvres 9/10 – Des miracles pour les pauvres.

Prière à l’Esprit Saint :  Esprit Saint, âme de mon âme, je T’adore et je T’aime, éclaire-moi, guide-moi, fortifie-moi, console-moi, indique-moi la route. Je m’en remets, à l’exemple de saint Yves, à tout ce que Tu désires de moi, fais-moi seulement connaître Ta volonté pour éclairer mon chemin. Seigneur Esprit Saint je me tourne vers Toi avec confiance, appuyé sur la prière de ton serviteur saint Yves ; Tu lui as donné en son temps de juger avec équité, d’assister les pauvres. Aussi avec Ton aide, je prends aujourd’hui saint Yves comme modèle de sainteté. Amen.

SAINT YVES, UNE VIE DE SERVICE ET D’AMITIÉ AUX CÔTÉS DES PAUVRES

Par Daniel Giacobi

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9 – Des miracles pour les pauvres.

Nous devrions avouer avec une grande humilité que nous sommes souvent des incompétents devant les pauvres. On parle d’eux de manière abstraite, on s’arrête aux statistiques et on s’émeut devant quelque documentaire. La pauvreté, au contraire, devrait entraîner une conception créative, permettant d’accroître la liberté effective de pouvoir réaliser l’existence avec les capacités propres à chaque personne.            Pape François – § 7 – Message pour la 5ème journée mondiale des pauvres- 14 novembre 2021-

 Durant sa vie chaque fois que la générosité d’Yves dépasse ses moyens, Dieu y supplée : Raoul Portier, clerc de Lanmeur, diocèse de Dol, qui avait été étudiant avec Yves à l’Université de Paris raconte : « J’ai vu au presbytère de Trédrez, église dont dom Yves fut le recteur, il y a de cela trente ans et plus, un jour, je ne sais plus quel jour, mais c’était aux environs de la fête des Rogations, dom Yves distribuer à une foule de pauvres de grandes aumônes à partir d’un petit nombre de pains. C’est par miracle, et non d’autre manière, que ces pains suffirent, telle est ma conviction, je l’affirme. Il ne pouvait y avoir que pour sept ou huit sous de pain, et une grande disette sévissait alors dans la région. Et pourtant ils étaient là, je le crois, plus de deux cents pauvres qui reçurent de ce pain en aumônes. Assistaient à cela dom Yves, moi et le vicaire de dom Yves dont j’ai oublié le nom. »

On perçoit dans ce signe que le prêtre de Dieu est aussi un homme de foi, une foi aussi solide que le granit des statues des saints fondateurs de l’Église en Bretagne célébrés dans la vallée des saints de Carnoët ; une foi qui, dès que c’est nécessaire peut obtenir des miracles du Seigneur. Écoutons Geoffroy Jubiter, recteur de l’église de Trédrez, témoin 142 : « Dom Yves avait dans un coffre fermé à clef une certaine quantité de froment dans la maison d’un certain Thomas Guilhoc, de la paroisse de Trédrez. Cette maison se trouvait tout près du presbytère. Il m’avait envoyé, moi et un de ses prêtres, nommé Hervé Jacob, défunt, prendre de ce froment pour son hôtellerie et pour des pauvres. Hervé et moi nous trouvâmes ce coffre débarrassé de sa fermeture, et, dedans, très peu de blé. Nous retournâmes tout de suite annoncer à dom Yves dans quel état nous avions trouvé le coffre. Il nous dit alors : « Ne vous faites pas de souci, car nous en aurons assez, Dieu aidant : mais allons et voyons ce qu’il en est ». Dom Yves, le prêtre et moi, nous revînmes donc au coffre : il était pour ainsi dire plein de froment. Or quand nous avions vu le coffre ouvert, je ne sais pas exactement combien il contenait de blé, mais il y en avait très peu. Oui, il y en avait peu. Mais de retour avec dom Yves nous en trouvâmes comme j’ai dit. Cela se passait, je pense, au mois de juin, il y a plus de trente ans… J’ai vu le coffre vide et je l’ai vu presque plein. Il ne pouvait pas s’être rempli comme tout d’un coup, car il fallait peu de temps pour aller et revenir. Cela n’a pu se faire que par miracle divin ; et j’en ai la ferme conviction…»

 Écoutons aussi Guillaume de Quaranson, paroissien de Louannec, témoin 152 : « C’était à une époque où une très grande disette sévissait en Bretagne. Dom Yves m’invita à manger avec quelques autres. Au moment où nous voulûmes nous mettre à table, il n’y avait dans la maison qu’un seul pain. De ce pain il donna quatre aumônes à des pauvres. Cela déplut beaucoup à son vicaire au point qu’il nous dit à moi et aux autres convives : « Si vous ne l’empêchez pas, il va donner tout le pain, et il ne nous restera ensuite rien à manger. » « Nous ne l’en empêcherons certainement pas, lui répondîmes-nous». « N’ayez pas peur, dit dom Yves au vicaire ; vous aurez une bonne part ; et nous ferons ce que bon nous semble ». Et il lui donna la moitié de tout le pain qui restait. Le prêtre mit alors son pain sur la planche où l’on rangeait les coupes. Puis il se mit à dresser la table et voulut prendre son pain. Mais il ne le trouva pas. Il crut alors qu’un des invités l’avait pris, et il se fâcha. « Vous avez mal agi, nous dit-il, d’avoir pris mon pain ». Dom Yves et nous, nous lui dîmes que nous ne l’avions pas pris. Et en réalité nous ne l’avions pas fait. Le prêtre en colère se retira dans sa maison qui était attenante. Il venait de partir quand se présenta une petite femme, toute semblable à une naine, qui se tenait à la porte de la pièce où nous mangions. Elle frappa en disant: « Ouvrez ! ». On ouvrit, elle entra, transportant sur sa tête, roulés dans un linge, trois gâteaux ou fouaces. « D’où vient ce pain, lui demandâmes-nous ? » « J’ai entendu dire que vous ne trouviez pas de pain à manger, et je vous en ai apporté ». Alors nous en avons mangé tout en en gardant pour le prêtre qui s’était retiré, lequel revint et mangea avec nous. Tout en mangeant nous eûmes cette réflexion : « II serait bon de donner de ce pain à la femme qui l’a apporté ». Et comme nous cherchions à lui en donner, nous ne la trouvâmes pas, et nous ne l’avions pas vue sortir de la maison. Ni moi ni les autres, jamais nous n’avions vu cette femme ailleurs, ni par la suite. Cela se passa six ans avant la mort de dom Yves, ou peu s’en faut… Nous étions à Louannec dans la maison de dom Yves …»

Très vite, avec le tombeau de saint Tugdual, le tombeau de saint Yves devient un lieu de pèlerinage très fréquenté. Il devient le cœur battant de la cité de Tréguier, à mille lieues de l’ambiance feutrée de nos églises. Les foules médiévales sont bruyantes, enthousiastes, enflammées. Fols, boiteux, paralysés, femmes enceintes, rescapés de toutes sortes, se pressent pour supplier ou rendre grâce.

Laissons la parole aux témoins :  Darian Geoffroy dit Hâve, paroissien de Pleubian, témoin 168, a tiré de l’eau son petit frère noyé : « C’est moi qui ai trouvé dans la fontaine … mon frère Jean, fils de Jeanne, le témoin précédent. Il avait alors un an et demi ou environ. Il se trouvait au fond de cette fontaine, la tête en bas, noyé et mort. Je l’ai tiré de là et remis à ma mère. Dès qu’elle l’a reçu, elle a invoqué saint Yves et le lui a voué pour un cierge par an, afin qu’il lui redonne la vie… Il était froid, raide et pâle, et en lui n’apparaissait aucune marque de la vie : c’est à ces signes-là que je sais qu’il était mort. J’ai la ferme conviction, et telle fut et telle est la rumeur publique, que Jean est mort noyé dans la fontaine et que c’est à l’invocation de saint Yves qu’il a repris vie … »

Urou Benparola, de la cité de Tréguier, témoin 176, a vu, avec beaucoup d’autres, une paralysée guérie : « J’ai connu et vu Catherine, aujourd’hui épouse de Jean Begannon, alors qu’elle était infirme et percluse des pieds et des jambes, des mains et des bras ; elle gardait les mains fermées et serrées sous les aisselles, sans pouvoir les ouvrir, et tenait les bras enroulés l’un sur l’autre et réunis, les jambes et les pieds l’un sur l’autre, si bien que manifestement elle ne pouvait ni marcher ni se mettre debout. C’est dans cet état que je l’ai vue un jour une dernière fois, et, peu après, ce même jour elle avait, sous mes yeux, les membres déliés, et elle se promenait debout toute seule, pleinement guérie, rendue à la santé. Vingt-cinq ans et plus se sont écoulés depuis … Cela se passait dans la cité de Tréguier, à l’église. Je l’ai vue pendant sept semaines ainsi affligée de contractures. D’après son apparence physique elle avait 15 ans ou environ. Elle était originaire de Ploujean. J’ai appris d’elle-même et de beaucoup d’autres qu’elle avait été guérie à l’invocation de saint Yves sur la route du retour, car elle s’était vouée à saint Yves et s’était rendue en pèlerinage pour obtenir la santé … »

Les femmes enceintes viennent aussi implorer saint Yves comme Blanche, épouse de Jean Raoul, originaire de la paroisse de Guérande, témoin 189 :  « J’attendais un enfant. Comme cela arrive habituellement à toutes les femmes enceintes, il m’arrivait parfois de ressentir sa présence, et plusieurs fois j’éprouvai des douleurs. Malgré cela pourtant, je restai cinq jours pendant lesquels j’eus la sensation qu’il n’était pas vivant ; j’avais plutôt le sentiment qu’il était mort. Cette impression me porta à me vouer à saint Yves et je l’invoquai de la manière suivante : « Saint Yves, je me dévoue à vous et je promets de m’acquitter envers vous d’un cierge de cire long autant que je suis grande et grosse, et je demande que l’enfant que je porte arrive au baptême ». Je fis donc cette invocation et ce vœu. Après quoi, je m’en vins en pèlerinage au tombeau de saint Yves. A peine étais-je entrée dans l’église de Tréguier, où repose le corps d’Yves, que je sentis en moi l’enfant vivre et remuer, et mon ventre grossit au point que l’ardillon de ma ceinture et la tunique qui tenait mon ventre enveloppé craquèrent. L’enfant se mit à vivre en moi … onze ans se sont écoulés depuis … Par la suite, au bout de deux mois, j’ai accouché d’un fils qu’on a appelé Guillaume, et qui vit encore … J’ai la ferme conviction que cet enfant est revenu à la vie en vertu des mérites et à l’invocation de saint Yves … »

Yves Nédélec, paroissien de Le Trehou, au diocèse de Léon, témoin 110, raconte l’histoire de sa sœur prise de folie, imaginez les cris et l’agitation dans la cathédrale : « J’avais une sœur nommée Gleoguena ; elle était folle au point de chercher à mordre ses bras et ses mains, et ceux qui l’approchaient, comme si elle voulait les manger ; et sa fureur obligeait à lui lier les mains et les pieds. Alors qu’elle était ainsi en crise, il arriva que le seigneur Guillaume de Kersauson, de bonne mémoire, alors évêque de Léon, vint visiter l’église du Trehou et la vit en fureur et ligotée. Il dit alors, à moi et à ceux qui assistaient la folle : « Mon avis est qu’il est bon et louable qu’on voue et qu’on remette cette malade à saint Yves, et j’ai la conviction qu’elle sera guérie. Pour moi, dès maintenant je la voue et la remets à Jésus-Christ et à saint Yves. Qu’on la conduise donc au tombeau de saint Yves ! » Tandis que j’étais debout près du tombeau, beaucoup de malades, de boiteux et d’aveugles sont venus à ce tombeau de dom Yves, et les aveugles ont recouvré la vue, les boiteux la capacité de marcher, les malades la santé, mais j’ignore absolument qui ils étaient et d’où ils venaient. J’ai entendu sonner les cloches et rendre grâce à Dieu et à saint Yves, et j’ai entendu le clergé et le peuple trégorrois mener d’autres solennités, comme on le fait habituellement pour les miracles. Et j’ai la ferme conviction que ma sœur a été rendue à la santé, guérie, à l’invocation de dom Yves et en raison de ses mérites … »

Au Moyen Âge, on ne s’encombre pas d’enquêtes interminables sur la véracité d’un miracle, « ils voient et ils croient ! »   Écoutons Jean Raoul, citoyen de Tréguier, témoin 178, le sonneur des cloches de la cathédrale : « Cette femme Catherine, – citée plus haut – je l’ai vue percluse pendant huit jours sûrement ; après quoi, je l’ai vue dans l’église de Tréguier parfaitement guérie. Comment s’est faite sa guérison ? Alors qu’elle regagnait son pays sans avoir été exaucée, et sur la voie du retour, elle regarda l’église de Tréguier en disant ces paroles, ou de semblables : « Saint Yves, comment retournerai-je dans mon pays sans avoir été guérie ? » A ces mots, ses membres se sont déliés, mains et pieds, à ce qu’on m’a dit. Elle est alors revenue à l’église, et je suis allé à sa rencontre avec une grande foule de gens. Je l’ai vue entrer dans l’église pleinement guérie. Je suis allé sonner les cloches pour le miracle. »  Jean Raoul n’hésite pas une seconde !

 

Aussi, est-il une profession florissante à Tréguier, celle de fabricant d’ex-votos. Écoutons Alain Le Cervesier, de la cité de Tréguier, témoin 145 : « J’affirme avoir fabriqué beaucoup de bateaux en cire pour de nombreuses personnes. Ces gens après des vœux faits à dom Yves avaient échappé, disaient-ils, au péril de la mer … J’ai vu suspendre chacun de ces bateaux, et je les ai vus suspendus dans l’église de Tréguier près du tombeau de dom Yves à l’invocation duquel ces miracles avaient été accomplis. »  Les enquêteurs du procès de canonisation déclarent dans leur préambule : « Nous avons vu également en au tombeau 27 bateaux (ils avaient l’air d’être en argent, mais comme ils étaient haut suspendus nous ne pouvions pas clairement nous en rendre compte), et de même 90 et plus bateaux en cire et beaucoup d’autres reproductions en cire, de têtes, d’yeux, de mains, de bras, de jambes et de pieds, et aussi de nombreux suaires, des seins en cire, des béquilles en bois, et beaucoup d’autres objets votifs en cire posés ou suspendus tout autour du tombeau. Ces objets se trouvaient là, à l’évidence, et on le disait publiquement, en signe et souvenir des miracles accomplis là-même un jour à l’invocation de dom Yves lui-même. »

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