1ère rencontre : « À la croisée des chemins bretons »

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Partir avec saint Yves sur les chemins du Trégor

**La figure de saint Yves marque le Trégor

Ses hommes et ses femmes, tous admirent l’homme, certains vénèrent le saint, beaucoup ont gardé la mémoire des multiples lieux où il a vécu et qu’il a traversés. Si aucun écrit de saint Yves ne nous est parvenu hormis son court Testament de 1297, nous disposons des Actes de l’enquête canonique ordonnée par le pape Jean XXII d’Avignon à la demande de Charles de Blois et du duc de Bretagne Jean III. Elle fut menée à Tréguier par les évêques d’Angoulême et de Limoges du 23 juin au 4 août 1330, en vue de la canonisation d’Yves. Elle a recueilli 243 témoignages, auditionné 213 témoins alors que plus de 500 s’étaient présentés. Ces témoignages dessinent la figure et la spiritualité de saint Yves qui a sillonné le diocèse de Tréguier et bien au-delà, pour accomplir son devoir d’official, de juge ecclésiastique, et proclamer la bonne nouvelle du Christ.

Mettre ses pas dans les pas d’Yves, c’est mettre ses pas dans ceux d’un grand saint et d’un grand marcheur. Un des traits du Procès est l’abondance des témoignages évoquant Yves

l’infatigable marcheur à pied, Yves refusant le cheval que lui offre son évêque , Yves rencontrant et portant assistance aux pauvres et aux malades sur les chemins, prêchant la Bonne Nouvelle de Jésus à la croisée des routes, accueillant les pèlerins, prêchant le même jour dans trois ou quatre paroisses différentes

comme Trédarzec, Kerbors et Pleubian.

Saint Yves, un homme du chemin

, ne pouvait-il pas venir à la rencontre du randonneur, « chercheur de sens », de notre 21ème siècle commençant ?

Les lieux patrimoniaux, les paysages du Trégor n’avaient-ils pas quelque chose à nous dire d’Yves de Tréguier ? En fine experte des chemins du Trégor, Alyette Deleplanque, secondée par Yves Girault, a permis à cette intuition de prendre corps.

C’est ainsi qu’est né notre guide les « Chemins de saint Yves »

.

Son originalité, c’est que nous n’allons pas vers une destination précise mais nous allons à la rencontre d’une présence, celle de saint Yves en Trégor. Cette présence est restée dans la mémoire collective en de multiples lieux, mais en même temps c’est le chemin qui parle, des lieux qui nous disent quelque chose d’Yves.

**Le guide des « Chemins de saint Yves »

Cette découverte du pays de saint Yves est à ce jour divisée en trois tronçons balisés, de Trédrez à Loguivy-Lès-Lannion, puis vers Louannec et enfin vers Tréguier. Ils sont présentés sur trois extraits de carte IGN. D’autres tronçons sont en projet vers l’abbaye de Beauport à Paimpol, vers Pontrieux et Guingamp pour aboutir à

une véritable troménie de saint Yves

[Voir article [ sur ce site.]].

Une équipe bénévole a arpenté et balisé pendant un an les chemins creux entre les paroisses de saint Yves et les lieux où il a vécu ou prêché. Financé par le Fonds Saint-Yves

notre guide des « Chemins de saint Yves » entrecoupe le parcours de 16 haltes

– c’est son autre originalité – qui proposent des clés de lecture du paysage et de la vie de saint Yves :
Trédrez sa 1ère paroisse, le sanctuaire marial du Yaudet qu’il fréquentait,
Louannec, sa seconde paroisse,
Tréguier, où il a exercé sa charge d’official, Minihy-Tréguier le lieu de sa naissance et de son manoir… Le Fonds Saint-Yves, le diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier et la société franco-canadienne Idû ont aussi développé une

application gratuite pour Smartphones et I-Phones en français et en anglais

pour guider les marcheurs dans le « Pays de saint Yves » à Tréguier et Minihy-Tréguier grâce des étapes géolocalisées et commentées[Voir article [ sur ce site.]].

En tous ces lieux il s’agit de retrouver la trace et la présence d’Yves. Chaque halte, en double page, est illustrée de photos et dessins avec une présentation générale du thème, le regard de l’écrivain et de l’historien, la parole donnée aux témoins du procès de canonisation.

Chaque tronçon est aussi

une invitation à contempler la nature

, à entrer en dialogue avec ce paysage qui a été le cadre de la vie d’Yves. Sur les « Chemins » où saint Yves avait, il y a plus de sept siècles, usé ses sandales à lanières de cuir, sa figure prend corps, prend un relief.

En découvrant les vallées du Trégor parsemées de moulins, ses bois, ses ponts, ses calvaires, ses lieux patrimoniaux,

on rejoint la figure d’Yves enraciné dans son Trégor natal

.

La mer et la côte bretonne ont aussi forgé une part de la sainteté d’Yves. La beauté des grèves de Saint-Michel, la rudesse des falaises de granit de Louannec, les côtes ciselées de Plougrescant, de la Presqu’île Sauvage ou du Goëlo, l’écrin maritime de l’Abbaye de Beauport, l’escarpement des sentiers côtiers, le flux des marées, tout y parle du Créateur à qui sait écouter, à qui veut écouter. Les côtes du Trégor baignée par cette

mer qui a porté les saints fondateurs

, nous disent quelque chose de la sainteté d’Yves.

Les vallées paisibles, les sous-bois et les chemins creux verdoyants, les méandres du Guindy ou d’autres rias aux microclimats uniques, nous parlent aussi d’un Yves qui s’avance vers les autres avec un visage joyeux, toujours souriant disent les témoins, prêt à soigner avec douceur le malade le plus malodorant, prêt à servir avec force bienveillance et à manger à la même écuelle que le pauvre le plus hideux. La beauté de notre sœur l’eau, de notre frère le soleil jouant dans les frondaisons, nous font rejoindre saint Yves dans sa spiritualité franciscaine qui fut au cœur de son dépouillement, de son allégeance à dame Pauvreté.

Suivre les « chemins de saint Yves », si vous êtes prêts à les parcourir sans a-priori, c’est

oser l’aventure d’une rencontre

. Yves nous redonne le sens de la marche en tant que haut lieu de la Rencontre, celle du Tout-Autre marchant à nos côtés comme avec les pèlerins d’Emmaüs (Luc 24, 13-36), celle aussi de nos frères et sœurs en humanité.

Yves éprouve en son corps le quotidien des paysans, pèlerins, mendiants et sans-logis errant de villages en villages.

Son chemin mène à l’homme

, tout abandonné à l’Esprit Saint, Yves est prêt à quitter sa route pour visiter un malade ou assister un mourant.

Parfois il arrête sa marche pour écouter une femme seule, d’autre fois il monte sur le soubassement d’un calvaire pour héler les paysans au travail ou les voyageurs de passage. Vivant une charité modelée par l’empathie et la bienveillance, Yves plonge à pleines mains, à plein corps, à plein cœur dans la réalité humaine, au côté des bûcherons préparant des poutres pour la cathédrale, avec les charpentiers réparant un pont, avec les ouvriers des moulins, avec les paysans au travail ou les voyageurs en chemin ; à la porte d’un manoir, au pied de la Tour Hasting de la cathédrale de Tréguier, ou, à quelques mètres de là, au palais épiscopal, avec les plaideurs bafoués venus confier leurs justes causes à l’official de Tréguier ; à l’Hôtel-Dieu en haut de la rue voisine avec ses chers malades, ou encore à Ker Martin où il accueillait ses pauvres.

Saint Yves, attentif à chacun, rejoint l’homme dans son quotidien. Sommes-nous prêts, comme lui, à quitter nos routes tracées, à nous laisser déranger par les imprévus de Dieu ?

Les chemins de saint Yves sont un itinéraire spirituel que complète le livre « Prier 15 jours avec saint Yves »[Voir article [ sur ce site.]], cet itinéraire est fait de contemplations paisibles, de rudes marches au seul pas de la foi et de tempêtes brutales où la seule solution est de jeter à la mer tout le superflu de nos vies.

Comme l’écrit l’abbé Caous, curé de Tréguier, dans l’introduction de notre guide :

« La marche est à la source du pèlerinage, s’il est vrai que le pèlerinage est d’abord un déplacement à travers champs (per-ager en latin), par ses chemins, saint Yves nous invite au dehors… Cette sortie de soi fait l’essence chrétienne de tout pèlerinage car c’est l’itinéraire même du Dieu des chrétiens, Dieu sorti de Dieu pour mieux nous ramener à Lui… Oui, la spiritualité de saint Yves nous invite à sortir de nous-mêmes pour aller sur les chemins trouver l’Autre qui peut me révéler à moi-même. Merci aux pionniers de cette aventure ! »

Et comme le note Jean Deleplanque en dernière page de notre guide :

« Outre la description géographique et historique du Chemin de saint Yves, ce livre est aussi un guide spirituel. Celui qui marche à la recherche de lui-même trouvera Dieu ; celui qui marche à la recherche de Dieu trouvera son prochain. »

Table ronde animée par Gaëlle de La Brosse

**- Si ce chemin était une valeur (au sens de valeur morale) ?

Ce serait la « bienveillance » c’est à dire étymologiquement « vouloir le bien » comme saint Yves voulait le bien de tous ceux que la Providence mettait sur son chemin et comme les chemins de saint Yves conduisent à la rencontre du bien au fond de nous-mêmes.

**- Si ce chemin était une couleur ?

Ce serait le bleu – proche parfois du vert émeraude – bleu de la mer et des rias, la « mer qui en Bretagne a porté les saints », car saint Yves a beaucoup reçu de saint Tugdual ; et le bleu du ciel entre les nuées car nos chemins veulent aussi être « porte du ciel ».

**- Si ce chemin était un adjectif ?

Ce serait l’adjectif « attentif » comme l’était saint Yves à tous ceux qu’il rencontrait et comme doit l’être le marcheur de nos chemins à l’égard des lieux, des odeurs, des bruits, des personnes.

**- Si ce chemin était une musique ou un chant ?

Ce serait le Da Feiz hon Tadoù Kozh[[Voir le lien sur Youtube.]] car notre chemin rend hommage à la foi de nos vieux pères qui sont aussi nos frères dans le Christ, et en particulier à la foi de saint Yves.

**- Si on vous proposait de jumeler ce chemin à un autre chemin de pèlerinage à l’étranger, éventuellement d’une autre religion, lequel serait-il ?

Ce serait le Chemin de saint Patrick c’est à dire le pèlerinage à la montagne de Croagh Patrick (ou en France la grande Troménie de Locronan).

**- Si vous aviez une faveur à demander au saint qui parraine votre chemin, et pour l’avenir de celui-ci, quelle serait-elle ?

Ce serait que saint Yves y fasse souffler l’Esprit Saint pour que le « chemin de saint Yves » soit « un chemin qui parle » aux « chercheurs de sens».

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