2e parole du Christ en Croix : « Amen je te le dis: aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis »

Auprès d’Yves les malades revêtent leur dignité d’enfants de Dieu jusqu’en la mort.

Hamon Nicolay explique :

il ensevelissait de ses propres mains dans l’hôpital – l’Hôtel-Dieu de Tréguier – les pauvres, les portait sur un brancard, leur donnait des suaires.

Frère Maurel, un des proches amis de saint Yves, se rappelle à Ker Martin d’

un malade pauvre qui mourut dans sa maison. Ce jour-là les pauvres n’y vinrent pas car ils ne voulaient ni laver ni ensevelir le défunt à cause de l’odeur fétide que dégageait son cadavre

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Témoin N°29, frère Guidomar Maurel, ordre des Frères Mineurs (Franciscains) du couvent de Guingamp, âgé de 65 ans.

« Je suis resté dans la maison de dom Yves à Ker Martin trois semaines de suite à ses frais : j’étais alors gardien de Guingamp et j’avais une jambe malade.

C’est alors que j’ai constaté que les actes de bonté qu’Yves accomplissait là, accueillant les pauvres qui s’y rencontraient en grand nombre, refaisant leurs forces matériellement et spirituellement.

Un jour un malade pauvre mourut dans sa maison. Et ce jour-là les pauvres n’y vinrent pas, contrairement à leur habitude, parce qu’ils ne voulaient ni laver ni porter à ensevelir le défunt pauvre, à cause de l’odeur fétide que dégageait son cadavre.

Alors dom Yves et mon compagnon, le frère Olivier Porquoyt, le lavèrent humblement et dévotement.

Dom Yves cousait le suaire, coupant le fil avec ses dents.

C’est mon compagnon qui me l’a rapporté.

Après quoi tous les deux portèrent le défunt à sa sépulture et l’enterrèrent. »)]

Pensons au vieux Tobie donnant pain et vêtement :

si je voyais le cadavre de quelqu’un de ma nation […] je dérobais leurs corps et les enterrais

.(Tobie 1, 17-18)

Yves nous interroge. La charité matérielle ne peut suffire, il se donne tout entier, rejoint pauvres et malades avec délicatesse, les vénère dans leur dignité de fils de Dieu. Yves est un saint à genoux devant l’homme, incarnation de la Miséricorde de Dieu qui traverse les âges par les gestes de tant de saints.

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Couverture du livre de Charles Journet

Couverture du livre de Charles Journet

Méditer avec le Cardinal Journet : Espérer le Ciel dès à présent

L’heureux corollaire à l’atrocité du péché de l’homme est sa capacité à aimer Dieu ici et maintenant, dans le temps présent. C’est à Léon Bloy que Charles Journet emprunte, évoquant La femme pauvre, pour nous dire que celui qui, ici et maintenant, accompagne le Christ dans sa souffrance et se laisse accompagner par Lui dans sa souffrance, entre d’ores et déjà dans le paradis. Journet nous renseigne avec une clarté remarquable sur cette idée, souvent incomprise, que nos souffrances sont une avancée vers le Ciel, en ce qu’il existe une souffrance d’une pureté bénéfique, qui est celle qui naît de la conscience de l’Amour de Dieu qui manque au monde. Avec Catherine de Sienne, il évoque également les larmes de feu que sont « celles que pleure en nous l’Esprit saint pour le salut du monde. » Celui qui souffre du manque de Dieu est déjà avec Lui.

Les sept paroles du Christ en croix, par Charles Journet, Seuil, avril 1998, 182p.
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