Homélie de Mgr Jean-Paul James aux Vêpres

Frères et soeurs,

À quelques jours d’une étape nouvelle de l’histoire du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, à l’occasion du Pardon de saint Yves, nous réentendons un appel qui nous vient de loin, des apôtres, de saint François de Sales, du concile Vatican II : l’appel à la sainteté. Avec Saint Yves, chers amis, rejoignons les saints ! Tous, nous sommes appelés à la sainteté, du plus jeune d’entre nous au plus âgé. La vie de saint Yves nous aide à comprendre la sainteté.

Pour connaître saint Yves, rien ne remplace la lecture des témoignages à son procès de canonisation, procès commencé moins de trente ans après sa mort. Une cinquantaine de témoins à ce procès l’ont bien connu. Parmi eux, sa sœur aînée, et son précepteur. En lisant ces témoignages nous découvrons la vie de saint Yves, mais aussi la vie quotidienne de cette région, il y a plus de 700 ans. Nous imaginons ces habitants du Trégor marcher sur les routes empruntées ce matin, travailler, faire leurs achats, rencontrer leurs voisins, éprouver les joies et les peines des évènements familiaux. Yves Hélory vit au milieu d’eux, parmi eux, avec eux. Il vit l’ordinaire des jours. J’aime, à ce sujet, ce qu’écrivait Madeleine Delbrel, assistante sociale près de Paris et grande spirituelle du siècle dernier :

Nous autres, gens des rues, nous croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis, est pour nous le lieu de notre sainteté

. Oui, c’est là où nous sommes, dans nos paroisses, dans nos familles, sur nos lieux de travail, que le Seigneur nous appelle à la sainteté. Mais quelle est-elle ?

Dans ce grand pardon, regardons encore Yves Hélori, saint Yves. Je reconnais comme trois traits de la sainteté chrétienne, dans sa vie, trois traits communs à tous les saints : sa confiance en Dieu, son désir du vrai bonheur, son rayonnement. Oui, Yves Hélori a foi en Dieu. Tout nous parle de sa confiance dans le Seigneur : autant ses paroles que ses actes. Il met le Seigneur au cœur de sa vie. Et sa vie surprend :

Il priait longuement tant qu’il était à l’église, sans ostentation, pénétré de la plus vive révérence à l’égard de Dieu. C’est, en effet, le mode de comportement des chrétiens qui rend témoignage au Christ et à son Évangile. Ce qui fait réfléchir quelqu’un, ce n’est pas que nous ayons les arguments les plus forts ; c’est que nous soyons habités par la vie du Christ, que cette vie nous fait vivre autrement et qu’elle habite nos paroles. Alors, cela déclenche des questions : pourquoi vit-il ainsi ? Heureux sommes-nous si notre manière de vivre suscite des questions. Est-ce que saint Yves, pour autant, cherche à être un héros ? Non, les saints ne sont pas d’abord des héros ; ils sont d’abord des enfants, gagnés par l’amour de Dieu. Cela ne vient pas de lui, mais d’un autre que lui. Si bien que la sainteté va avec l’humilité. Le vieil avocat, Kerhoz, raconte : Tout en lui révélait son humilité : sa façon de parler, de saluer, et surtout de s’adresser aux pauvres… Il saluait les gens très humblement et avec un profond respect

. Saint Yves, humble serviteur a confiance dans son Seigneur.

Comme tous les saints, c’est un homme de désir, de désir du vrai bonheur, de la vraie joie pour ceux qui l’entourent. C’est le deuxième trait. Défendre ses intérêts, ses prérogatives de juge, ou garantir sa retraite, cela ne suffit pas à saint Yves. Les gens riches de Tréguier sont scandalisés, le jour où ils voient saint Yves, la tête baissée, le capuchon sur les yeux, marcher à pied à côté de son valet qui lui était monté sur un cheval qu’on lui avait donné. Yves ne revendique pas les prérogatives auxquelles il a droit. Revendiquer ses prérogatives, cela ne peut pas être le moteur d’une vie. Yves Hélory lui, veut pour ce monde la paix de Dieu, le pardon de Dieu, la justice de Dieu, la vérité de Dieu. Alors, son cœur est meurtri devant la méchanceté ; son cœur est brisé devant l’injustice ; son cœur est blessé devant le mensonge. Saint Yves et tous les saints sont des affligés, des assoiffés, des affamés. Ils pleurent de voir le monde se détourner ou s’opposer à la lumière. Leur faim d’amour vrai les dévore, et elle les pousse à se donner à ceux qui leur réclament d’être aimés, reconnus, respectés. Ils sont tout sauf des résignés, des fatalistes. C’est ainsi que saint Yves partage tout jusqu’à héberger les malades ; à côté du manoir, une sorte d’hospice :

Le Seigneur Yves faisait coucher les pauvres, les vieillards, les bien portants; Lui-même préparait les lits et les aidait à s’y coucher

. Saint Yves veut le vrai bonheur, la vraie joie pour ceux que Dieu aime. Alors, il est un rayon de lumière pour tous.

Un jour me trouvant dans une cathédrale, comme celle-là, je vois entrer un enfant avec sa maman. Le soleil du soir traversait les vitraux. La maman montre à son petit : tu vois ces grands personnages ; ce sont des saints : la Vierge Marie, et saint Joseph, et saint Pierre, et saint Yves. Alors, elle dit à son enfant : tu sais ce qu’est un saint ? Le petit enfant contemple ; il voit les rayons de lumière qui traversait ces verrières. « Un saint dit-il c’est celui qui laisse passer la lumière ». C’est bien cela saint Yves. Il est lumineux, dans sa vie, au milieu des siens, dans cette région. Il a illuminé une région, des chrétiens. Son témoignage rayonne jusqu’à aujourd’hui. Saint Yves prêtre, éclaire, soutient, la vie des séminaristes de votre région : le séminaire est mis sous son patronage Et dans la lumière de son témoignage, regardons tant de personnes, tant de gens de nos rues aujourd’hui, de nos paroisses aujourd’hui, qui rayonnent la sainteté de Dieu, dans la vie quotidienne.

Avant de quitter cette cathédrale, encore une fois, demandons pour nos diocèses, pour nos personnes, la grâce de la sainteté. « Seuls les saints peuvent rénover l’humanité, disait Jean-Paul II aux jeunes ; dans leur histoire, vous trouverez l’inspiration et le courage de votre avenir ». Choisissons l’Espérance. Espérons cette sainteté ; avec saint Yves, rejoignons les saints.

Amen.

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