Saint Yves et les pauvres 0/10 – Introduction

Prière à l’Esprit Saint :  Esprit Saint, âme de mon âme, je T’adore et je T’aime, éclaire-moi, guide-moi, fortifie-moi, console-moi, indique-moi la route. Je m’en remets, à l’exemple de saint Yves, à tout ce que Tu désires de moi, fais-moi seulement connaître Ta volonté pour éclairer mon chemin. Seigneur Esprit Saint je me tourne vers Toi avec confiance, appuyé sur la prière de ton serviteur saint Yves ; Tu lui as donné en son temps de juger avec équité, d’assister les pauvres. Aussi avec Ton aide, je prends aujourd’hui saint Yves comme modèle de sainteté. Amen.

SAINT YVES, UNE VIE DE SERVICE ET D’AMITIÉ AUX CÔTÉS DES PAUVRES

Par Daniel Giacobi

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Introduction 

 Saint Yves marque le Trégor, toute la Bretagne ; il n’est guère de chapelles et d’églises bretonnes qui n’aient une statue ou un vitrail représentant saint Yves ou évoquant un épisode de sa vie. Au-delà de la Bretagne, on n’en finirait plus de citer les villes de France, d’Europe et du monde qui honorent la personne de saint Yves.

Pourtant, paradoxalement, nous voilà bien en peine pour parler des œuvres écrites de saint Yves en dehors de son Testament dont vous avez une immense reproduction du texte latin dans l’Église de Minihy-Tréguier. Le renom de saint Yves repose uniquement sur son immense réputation de sainteté et d’amitié pour les pauvres. 243 témoignages donnés lors de son Procès de canonisation en 1330 ont traversé les siècles, beaucoup de cantiques à saint Yves sont inspirés de ces témoignages.

  a – Biographie rapide de saint Yves

Quelques dates suffiront, chronologie de Me Jean Le Mappian.

Vers 1250-1253 : Yves Hélori de Ker Martin naît au manoir paternel. Saint Louis règne en France.

1264 – 1278 : il étudie à Paris puis à Orléans.

Vers 1278 : il est official à Rennes.

1281 : il est de retour à Tréguier comme official.

1283 : il est ordonné prêtre par Mgr Alain de Bruc, évêque de Tréguier. Il est nommé recteur de Trédrez puis en 1293 recteur de Louannec.

19 mai 1303 : il meurt à Ker Martin ;

23 juin au 4 août 1330 : Procès (= enquête) de canonisation à Tréguier.

19 mai 1347 : il est déclaré saint par le pape Clément VI.

  b – Comment connaît-on saint Yves ? Le Procès de canonisation

 Le renom d’Yves est tel que Charles de Blois et le duc de Bretagne Jean III ainsi que Philippe VI de Valois, roi de France de 1328 à 1350, sollicitent du pape sa canonisation. Une enquête de canonisation est finalement ordonnée par le pape Jean XXII d’Avignon et diligentée par les évêques d’Angoulême et Limoges à Tréguier du 23 juin au 4 août 1330, à l’ hôtel Tournemine de Tréguier en vue de la canonisation d’Yves. C’est essentiellement par elle que saint Yves est connu. 

Les actes originaux de l’enquête avaient disparu avec beaucoup d’archives de la papauté à Avignon,  on ne disposait que de certains extraits et des chants qui louaient les vertus de saint Yves depuis sa canonisation en 1347. Or, à la fin du XIX° siècle, la figure d’Yves fut illuminée d’un nouveau jour lorsque l’historien Arthur de La Borderie découvrit à la Bibliothèque municipale de Saint-Brieuc un manuscrit du XIVe s. qui est une copie de l’intégralité du procès-verbal de l’enquête de canonisation. La maison Prud’homme de Saint-Brieuc l’édita dans un luxueux ouvrage publié en 1887 en 275 exemplaires. Le texte latin a été traduit par M. Jean-Paul Le Guillou en 1989.

L’enquête a recueilli avec soin 243 témoignages, auditionné 213 témoins (certains donnant plusieurs témoignages) alors que plus de 500 s’étaient présentés. Ils déposèrent sous la foi du serment, sur la Croix ou la Bible. En ces temps, en jurant sur la Croix, ils engageaient leur âme et leur salut, prenaient Dieu à témoin, risquaient leur Éternité. Aussi, l’acte est-il méticuleux, tout est noté, noms des témoins, juges, interprètes, notaires. Cette enquête est ce qu’on pouvait faire de mieux à l’époque. Ceux qui ironisent sur la crédulité du Moyen Âge n’ont pas étudié de telles pièces.

Les témoins, marqués par leur rencontre avec Yves, ont retenu ses expressions, ses paroles ; les scènes décrites avec force détails concrets donnent au texte une authenticité qui mérite de s’y arrêter longuement. Le manuscrit est d’ailleurs un précieux document utilisé par les historiens pour étudier les mœurs et la vie quotidienne en Trégor au 14ème siècle.  Les témoins dessinent avec vigueur et tendresse la figure du « plus grand des patrons d’Arvor» comme le chante le cantique. Ils campent avec vigueur la figure d’Yves, sa spiritualité, attestent sa sainteté.

En 1339 la cathédrale gothique projetée par saint Yves est mise en chantier par l’évêque de Tréguier, Richard du Poirier, mais les travaux sont retardés par la Guerre de Succession de Bretagne ; elle n’est achevée que vers 1450. Le pape Clément VI a été couronné un 19 mai en 1342, il a raconté qu’Yves lui était apparu en 1346, durant son sommeil, un sceptre en main, et qu’il lui avait reproché la lenteur de sa procédure de canonisation ; le pape avait entendu retentir à ses oreilles le « Lamma sabactani – Pourquoi m’as-tu abandonné ? » de la Croix. La révision des pièces du procès fut décidée dès l’automne. Elle aboutit au consistoire qui se tint le 18 mai 1347 à Avignon où résident alors les papes, 10 discours furent prononcés dont celui du pape. Le 19 mai 1347, en grande solennité, le pape Clément VI déclare saint Yves Hélory de Ker Martin. Mais la guerre civile a empêché la présence des grandes personnalités de Bretagne sauf Maurice Héluy, chanoine de Tréguier et procureur de la cause de saint Yves, qui avait prononcé la veille le 2nd discours.  

Durant l’été 1347 l’évêque Richard du Poirier reçoit d’Avignon la Bulle de canonisation d’Yves ainsi qu’une lettre adressée à l’évêque et au chapitre de Tréguier avec l’ordre de procéder à l’ouverture de son tombeau pour la translation de ses reliques. Des indulgences sont promises à tous ceux qui assisteront à la cérémonie. Une trêve d’un an étant en place depuis le 25 septembre 1347, l’évêque décida que la cérémonie de la translation des reliques aurait lieu le 29 octobre 1347 dans une cathédrale en plein chantier. Malgré la rupture de la trêve, le bienheureux Charles de Blois, capturé à la bataille de la Roche-Derrien en juin 1347, fut libéré par les Anglais pour assister à la cérémonie ; il fit la route pieds nus depuis La Roche par un froid rigoureux. L’abbé France raconte que les habitants qui le voyaient passer les pieds ensanglantés – sur ce qu’on appelle depuis « le chemin du Duc » – pleuraient de pitié et jetaient sur la voie de la paille et même leurs habits, mais que le duc les écartaient pour marcher sur les pierres les plus dures.  Il descendit à genoux les six marches du porche à la nef jusqu’au tombeau. Une foule immense se rendit aussi à Tréguier pendant les huit jours que durèrent l’ostentation des reliques : clergé et prélats de toute la Bretagne, seigneurs et bourgeois, petit peuple et mendiants. Pour un temps, toute la Bretagne se retrouva unie, ce fut le plus beau miracle de la cérémonie. On détacha le crâne, le chef, de saint Yves mis au trésor de la cathédrale dans un reliquaire d’argent doré soutenu par quatre lionceaux du même métal ; des reliques furent confiées à plusieurs paroisses ( la cathédrale de Rennes) et abbayes ( Saint-Georges et Saint-Melaine de Rennes) bretonnes. La commémoration de cette cérémonie chaque année constitue ce que l’on nomme désormais « la saint Yves d’hiver ».  

Plus tard le duc de Bretagne Jean V, autre dévot de saint Yves, l’honora en érigeant vers 1425 un superbe tombeau visité par toute la Bretagne. Les plus grands y vinrent, Duguesclin, Anne de Bretagne en septembre 1505, François 1er en 1518.

Le Vicomte Arthur du Bois de la Villerabel dans La Légende merveilleuse de Monseigneur Saint Yves souligne que, « Dès l’année qui suivit la Canonisation de saint Yves, en 1348, les Bretons étudiant à Paris s’étaient empressés de lui bâtir une chapelle qui bientôt devint le centre de la Confrérie des Avocats. Les Universités et, peu après, les Parlements eux-mêmes devaient imiter cet exemple et prendre saint Yves pour patron. Des grandes villes de France, de Belgique, d’Italie, entre autres Orléans, Paris, Angers, Chartres, Évreux, Gand, Anvers, Louvain, Malines, Naples, Rome, Pérouse, etc., rivalisèrent avec Nantes, Rennes et les autres cités bretonnes, pour ériger à saint Yves des églises, des autels, des statues, et pour donner son nom à leurs hôpitaux, leurs places publiques, leurs rues. À Rome, auprès de la basilique nationale de Saint-Louis des Français, s’éleva le pieux sanctuaire de Saint-Yves des Bretons » qui a été récemment restauré.

 

PISTE DE RÉFLEXION : De quelle façon suis-je, joyeusement, témoin de la Présence de Jésus au monde ?

 

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