Saint Yves et les pauvres 1/10 – Enfance

Prière à l’Esprit Saint :  Esprit Saint, âme de mon âme, je T’adore et je T’aime, éclaire-moi, guide-moi, fortifie-moi, console-moi, indique-moi la route. Je m’en remets, à l’exemple de saint Yves, à tout ce que Tu désires de moi, fais-moi seulement connaître Ta volonté pour éclairer mon chemin. Seigneur Esprit Saint je me tourne vers Toi avec confiance, appuyé sur la prière de ton serviteur saint Yves ; Tu lui as donné en son temps de juger avec équité, d’assister les pauvres. Aussi avec Ton aide, je prends aujourd’hui saint Yves comme modèle de sainteté. Amen.

SAINT YVES, UNE VIE DE SERVICE ET D’AMITIÉ AUX CÔTÉS DES PAUVRES

Par Daniel Giacobi

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1 – Saint Yves enfant et les pauvres

  Les pauvres de toute condition et de toute latitude nous évangélisent,  car ils nous permettent de redécouvrir de manière toujours nouvelle les traits les plus authentiques du visage du Père.                                                                                Pape François – § 2 – Message pour la 5ème journée mondiale des pauvres- 14 novembre 2021-

Jean de Kerc’hoz, clerc et jurisconsulte, paroissien de Pleubian, âgé de 90 ans , témoin 1 au Procès de canonisation, qui a été le précepteur de saint Yves, dépose : « Dom Yves était issu de parents catholiques fidèles légitimement mariés. J’ai vu et connu son père et sa mère. Je les ai vus vivre en catholiques dans l’église de Tréguier, et à l’extérieur. J’ai assisté personnellement à leur mariage solennel. C’est de ce mariage légitime et resté stable qu’est né dom Yves. Son père s’appelait Hélory et sa mère Azou. Ils étaient nobles. » Aux veillées des manoirs les récits des croisés embrasent les jeunes imaginations. Pourtant, bien qu’il soit le fils aîné, héritier du titre, ce n’est pas la vie de chevalier ni les croisades qui font rêver leur fils, Yves, Erwann.  L’aventure qui l’attire, c’est celle de la FOI. Et sur le chemin de cette aventure, il eut trois guides :

Œ 1- D’abord sa foi vive qui s’est forgée auprès de sa mère, Dame Azou du Quenquis. Cette femme, à la foi profonde, a raconté à Jean de Kerch’oz qu’elle avait eu en songe une révélation :  « Sa mère m’a dit un jour que dom Yves serait saint, car la chose lui avait été révélée à elle, sa mère. Elle me l’a dit dans la maison des parents de dom Yves, maison qui s’appelle Ker Martin en la paroisse de Tréguier. Il y avait là la mère et le père de dom Yves, dom Yves et moi, et personne d’autre. Et ces paroles, la mère de dom Yves les a prononcées il y a cinquante ans ou environ. »

Elle entraîna Yves, tout jeune, à parcourir les sentiers abrupts de la prière et de la charité exercée envers les nombreux pauvres qui sillonnaient les routes, les bourgs et les campagnes bretonnes. Nul doute que dame Azou a largement contribué à planter les fondations de la sainteté d’Yves comme sainte Pompée pour saint Tugdual ou sainte Éliboubane pour saint Gonéry.  « N’est-ce pas par les mères que Dieu forge les âmes et cisèle ses chefs-d’œuvre ? » (Marie-Paule Salonne)

Vitrail de l’église de Minihy-Tréguier

 2 – Ensuite, sa foi, il la doit aussi à tous les récits sur la vie des saints bretons venus d’Irlande, d’Écosse ou de Cornouaille britannique. Huit siècles auparavant, au 5ème s., ils ont enraciné la foi chrétienne en Bretagne. L’abbé Henri Poisson écrit dans La vie de saint Yves :  « Comme tout petit Breton, Yves dut fréquenter avec son père et sa mère les pardons du pays : celui de sainte Pompée, mère de saint Tugdual, à Langoat ; de saint Gonéry, à Plougrescant ; de saint Maudez, dans l’île de ce nom ; de saint Aaron à Pleumeur ; de saint Gouesno, à Plouguiel… La liste est longue de ces chapelles où la piété de nos pères venait se raviver. Durant toute sa vie, Yves garda l’empreinte de cette première éducation chrétienne, c’est là qu’il faut chercher son attachement aux vieux saints de chez nous … » Dans les monastères du 5ème siècle la charité envers les pauvres était un devoir sacré. Plus tard, lors des pardons, pauvres et mendiants sont nombreux, les bourses leur sont largement ouvertes ainsi que les tables dans les campagnes environnantes.                  

Yves, enfant, a aussi appris à imiter la charité d’un saint Augustin ou d’un saint Martin. Dans tous ces itinéraires de sainteté il trouve une aide précieuse pour construire sa vie spirituelle et sa pratique de la charité. Adulte, il travaille à un ouvrage sur leurs fioretti, « les fleurs des saints », cité par les témoins mais qui ne nous est hélas pas parvenu. Hamon Toulefflam de Plestin, ermite, témoin 20, déclare : « Il lisait la vie des saints et chaque jour il trouvait un exemple de bien et de perfection dans la vie de tel ou tel saint, il décidait de l’imiter pour autant qu’il le pouvait. C’est ainsi qu’il imitait saint Martin dans sa libéralité envers les pauvres, et le bienheureux Augustin dans sa charité et sa perfection, et de même les autres saints. »

Jean de Kerch’oz, son précepteur avait à peine 10 ans de plus qu’Yves, il devait avoir 17 ans quand il commença à s’occuper de lui. Il lui a enseigné les premiers rudiments du savoir et des humanités. Il l’accompagnait auprès des recteurs réputés pour leur science comme à Louannec, à Pleubian ; il côtoie dans les presbytères pauvres, mendiants et pèlerins en quête de pain ou de quelque monnaie. Yves et Jean fréquentent aussi les chanoines prémontrés de Beauport, tout aussi réputés pour leur savoir. Ils se sont installés là en 1202, un demi-siècle avant la naissance d’Yves à l’appel d’Alain d’Avaugour, comte de Goëlo, de Tréguier et de Guingamp. L’ordre des Prémontrés a été fondé par saint Norbert, en 1121 il s’était installé à Prémontré avec 30 compagnons dans le diocèse de Laon. Face aux mœurs dissolues du clergé d’alors, il veut former des prêtres instruits, zélés et vivant en commun à la manière des moines, on parle de « chanoines réguliers » vivant selon la Règle de saint Augustin et assurant aussi la prédication et l’administration des sacrements dans les paroisses qu’ils ont en charge par exemple tout autour de Paimpol, ils y sont très appréciés. Pour leur instruction, les chanoines de Beauport disposent d’une riche bibliothèque de manuscrits dans laquelle, Yves, accompagné de Jean de Kerch’oz vient puiser. Il a lu la vie de saint Norbert et les vies des saints fondateurs de l’Église en Bretagne (les vitae). Mais pour y venir la route est longue, la tradition a retenu la localisation de pierres sur lesquelles Yves se serait reposé. Yves doit prendre deux bacs, sous Minihy le bac de Kerscarbot (aussi appelé bac saint Yves) pour traverser le Jaudy ; il le débarque dans la crique de Kerhir, paroisse de Trédarzec, un sentier abrupt rejoint la route de Paimpol jusqu’au 2nd bac du Goëlo pour traverser le Trieux à hauteur du pont actuel. 

Aussi Yves reste plusieurs jours à Beauport et y tisse des liens d’amitié avec les moines. Leur habit est de laine écrue avec un manteau ou chape, noir.  L’Eucharistie est au centre de la vie journalière des premiers frères et ils ont une grande dévotion pour Notre-Dame choisie comme patronne. L’abbaye était un lieu où on accueillait et servait les pauvres, les malades et les pèlerins ; nulle doute qu’Yves enfant devait aider à l’accueil et au soin de chacun, il y apprit les gestes, les mots de la charité et de la Miséricorde. 50 ans plus tard, en 1309, se déroule une scène qui aurait pu se dérouler à l’époque du jeune Yves : Frère Robert, dit Le Fournier, (témoin 205) chanoine de l’abbaye de Beauport, âgé de 55 ans, raconte :  « J’ai vu Henri Angervenu un jour à l’abbaye de Beau Port, boiteux et impotent … et il avait les nerfs des mains tout incurvés à force de porter ses béquilles. Il est resté deux jours à l’abbaye. Il gagnait Tréguier sur deux béquilles. » Tout cela a beaucoup marqué Yves enfant. 

Ž 3 – Enfin, Yves a été touché par la foi de ces pèlerins-mendiants qui faisaient le tour de Bretagne, « le pèlerinage des sept saints »,  le « Tro Breiz  », pour honorer dans leurs cathédrales les sept saints fondateurs de l’Église en Bretagne ou en route vers Saint Jacques, Rome ou Jérusalem. On pèlerine alors beaucoup en Europe, en France et notamment en Bretagne.  Ces pèlerins passaient en grand nombre à Tréguier pour honorer saint Tugdual qui avait fondé là le monastère à l’origine de la ville. Le jeune Yves leur parlait, leur donnait de la nourriture et un peu d’argent.  

Les vallées paisibles, les sous-bois et les chemins creux verdoyants, les méandres du Guindy ou d’autres rias aux micro-climats uniques, nous disent aussi quelque chose d’un Yves toujours souriant selon les témoins, à l’air joyeux, prêt à soigner avec douceur le malade le plus malodorant, prêt à servir avec force bienveillance et à manger à la même écuelle que le pauvre le plus hideux. On ne peut que se laisser saisir par la beauté des paysages, la beauté de notre sœur l’eau, de notre frère le soleil jouant dans les frondaisons, on rejoint saint Yves dans sa spiritualité franciscaine.

Voilà trois sources qui ont alimenté et vivifié la jeune foi d’Yves et nourri son intelligence brillante.

 

PISTE DE RÉFLEXION : Je fais une relecture approfondie de mon enfance et de ma jeunesse. Que dois-je à mes parents sur le plan de ma personnalité, de ma foi ? Y-a-t-il des pardons que je ne leur ai pas donnés ?

 

 

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